Le jeu chez l'enfant et les clés pour définir un cadre

« La curiosité, c’est quelque chose que l’on possède dès la naissance, explique Anne-Marie Fontaine, formatrice auprès des professionnelles de la petite enfance et spécialiste du sujet. Le cerveau est programmé pour apprendre sans arrêt. Mais pour se connecter entre eux et donc participer au développement de l’enfant, les neurones ont besoin que les enfants fassent des choses »… en d’autres mots, qu’ils jouent. En nous appuyant sur les enseignements d’Anne-Marie Fontaine, mettons-nous dans la tête du jeune enfant pour faire évoluer notre manière de considérer le jeu et notre accompagnement des enfants qui jouent.

Jouer, ça sert à quoi ?

Le jeune enfant n’a pas conscience de jouer

Rappelons immédiatement que les bébés n’ont pas les mêmes perceptions que les adultes. Et pour cause, tout est nouveau pour eux. Tout est à explorer. L’enfant ne sait pas ce qu’on attend de lui lorsqu’on lui dit de « jouer ». Ce qu’il fait, lorsqu’il est libre de ses mouvements, c’est qu’il utilise ses cinq sens – qui lui suggèrent des actions à réaliser.

Jouer, c’est explorer

Tout est nouveau pour lui. Le nom de chaque objet ne lui donne aucune indication de sa fonction. Il utilise donc toutes les informations qu’il a sur un objet pour l’explorer. Le fait de chercher toutes les actions possibles d’un objet, c’est déjà, pour l’enfant, faire preuve d’intelligence… et ça peut vouloir dire : je mets de la boue dans ma bouche, je grimpe sur la table, je vide mon verre d’eau…

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Explorer, c’est développer son potentiel

C’est par le biais des actions de l’enfant, en « jouant », en observant, en écoutant, en touchant, en sentant, et en goûtant, que se développent ses connexions neuronales, et, par là, son intelligence. S’il monte sur un objet, il ne développe pas uniquement ses fonctions motrices : les systèmes visuels et moteurs étant interconnectés, cela stimulera d’autres zones de son cerveau.

Pour autant, certaines zones d’exploration peuvent mettre l’enfant en danger. Voilà pourquoi il est important de se mettre à sa hauteur et de l’accompagner.

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Encadrer le jeu, ça veut dire quoi ?

Comment réagir à ce que l’on qualifie de « bêtises » ? Selon Anne-Marie Fontaine, « les bêtises sont des actions intelligentes qui ont raté ». Les enfants de 0 à 3 ans n’ont pas la volonté de faire des bêtises, c’est leur exploration qui les mène à cela. S’en souvenir permet de mieux encadrer les tout-petits et de les laisser se développer sans brides inutiles.

Lorsque le cadre de jeu est sécurisé

La motivation des professionnelles de la petite enfance réside souvent dans l’émerveillement face au développement d’une intelligence. Pour qu’elle dure, cette motivation initiale ne doit pas s’encombrer de frustrations inutiles. D’où la nécessité de changer de perspective. Mieux on comprend les besoins fondamentaux de l’enfant, et plus il est possible d’y adapter ses pratiques.

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Voici un pense-bête anti-frustration dans un cadre de jeu sécurisé :

  1. Le bazar est développemental – l’empêcher n’a pas de sens. Au quotidien, observer l’imagination qui a mis en œuvre le bazar s’avère beaucoup plus positif que d’empêcher le bazar d’advenir par exemple.

  2. La motricité et les expériences motrices sont au fondement de l’intelligence.

  3. L’enfant a besoin de répéter et d’expérimenter les mêmes gestes des dizaines de fois.

  4. Il est important de donner aux enfants le maximum d’occasions d’explorer.

  5. Il n’y a pas de « bonnes façons » d’explorer un objet.

  6. Observer les idées d’un enfant avec curiosité et bienveillance permet de mieux comprendre son approche.

Garder cela en tête change complètement notre relation à l’enfant.

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Lorsque la sécurité est en jeu

Pour autant, il est important de toujours préserver la sécurité des jeunes enfants. Si malgré le cadre de jeu sécurisé de son lieu d’accueil, un enfant est en situation d’insécurité ou y place ses camarades, plusieurs réactions s’imposent.

  • Action potentiellement dangereuse – on montre le problème à l’enfant pour qu’il le comprenne. Il s’agit là de faire confiance à l’enfant, de lui donner des indications et de l’encourager. Par exemple, on montre comment fonctionne un tiroir en enseignant le geste de sécurité associé. Ainsi, ils peuvent ouvrir un tiroir sans y laisser leurs doigts.

  • Action inacceptable – on conserve l’action, qui illustre souvent un besoin, tout en proposant une solution alternative avec un autre objet. Un enfant qui déchire un livre par exemple, pourra déchirer des fiches pour réaliser une activité manuelle.

  • Action à risque important – on introduit un non ferme et définitif.

Mieux on comprend comment l’enfant perçoit le monde, plus il est facile de lui proposer, lors de ses jeux, un cadre adapté à son développement et de stimuler son incroyable potentiel.

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À vous de « jouer » !

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Cet article s’appuie sur la conférence donnée par Anne-Marie Fontaine lors du Salon Petit 1 de Lille, 2021 et sur l’ouvrage Et si on revisitait certaines idées sur les jeunes enfants, écrit par Anne-Marie Fontaine et Josette Serres (Editions Duval, octobre 2020). Toutes deux sont formatrices auprès des professionnelles de la petite enfance et ont écrit de nombreux ouvrages consacrés notamment à la psychologie de l’enfant.