Clés pour un changement d'heure tout en douceur
Cela fait des années qu’on nous promet la fin du changement d’heure et du casse-tête consistant à savoir s’il faut avancer ou reculer l’aiguille… oui, mais voilà, elle tarde à arriver ! En attendant, nous avons fait appel à Marie Juglaret, infirmière puéricultrice et experte Edumiam, notamment des questions du sommeil chez les tout-petits. Elle revient sur les difficultés créées par le changement d’heure pour les professionnelles de la petite enfance et leur offre quelques clés pour y remédier.
Dans cet article, retrouvez les informations clés de notre experte pour un changement d’heure tout en douceur.
Quelles difficultés pour les jeunes enfants ?
En fonction de l’âge, le changement d’heure est plus ou moins facile à surmonter.
Pour les 0-6 mois : Il n’y a aucune difficulté particulière. Les bébés de cet âge n’ont pas encore de rythme très établi. Les professionnels sont encore à l’écoute des besoins individuels de l’enfant qui ne mange pas encore à des heures fixes.
Pour les plus de 6 mois : Bien que les enfants aient une grande capacité d’adaptation, le changement d’heure perturbe parfois les journées à la crèche. L’heure des repas, l’heure des siestes, tout est décalé et l’organisation de la structure risque d’en être impactée durant quelques jours. « Rien de grave, explique Marie Juglaret, il faut dédramatiser » car il existe des solutions simples qui ont fait leurs preuves.
S’y préparer en tant que professionnelle de la petite enfance
La première chose à faire pour que les enfants acceptent le changement d’heure sans grande difficulté, est de ne pas changer le rythme de la journée. Les fenêtres d’éveil, de sieste et de repas ne doivent en aucun cas être modifiées.
En s’appuyant sur ce rythme familier des jeunes enfants, anticiper le changement d’heure leur permet de l’accepter plus facilement. En quoi cela consiste-t-il ? Marie Juglaret propose aux professionnelles d’avancer chaque séquence d’une dizaine de minutes durant la semaine qui précède le changement d’heure. Cela permet aux enfants de s’y adapter en douceur, souligne l’experte.
Faire équipe avec les parents
Cette préparation d’une petite semaine fonctionne très bien selon Marie Juglaret, qui souligne toutefois l’importance de former une équipe solide avec les parents. Sans cela, la stratégie proposée pourrait s’avérer vaine.
Il est donc important :
d’expliquer aux parents que l’on développe une stratégie pour une meilleure acceptation du changement d’heure par leurs enfants.
de les inviter à faire de même à la maison en avançant le lever, le petit-déjeuner, puis le soir, le dîner, l’heure du bain et l’heure du coucher de 10 minutes chaque jour. En effet, vous formez une équipe soucieuse du bien-être de l’enfant pendant cette période de transition.
de rassurer les parents sur le fait que l’endormissement puisse être plus long et leur donner des conseils plus généraux pour faciliter le coucher et le réveil de leurs jeunes enfants. Marie Juglaret préconise par exemple un coucher par étapes afin de préparer l’enfant à l’endormissement. Le fait de dîner avant le bain et le coucher apaise le jeune enfant. En passant du bain, à l’histoire et au lit sans nouvelle stimulation extérieure, ce dernier s’endormira plus aisément. Autre bonne pratique pour le coucher lorsque l’enfant dit ne pas être fatigué : lui proposer des séances de méditation, comme celle de la petite grenouille, le laisser jouer ou regarder un livre dans son lit. « Le sommeil ne doit surtout pas devenir une bataille », souligne l’experte. Au même titre, elle recommande un réveil en douceur : le fait d’être baignés de la lumière du jour aide les enfants à sortir de leur sommeil. Ouvrir les rideaux avant de les réveiller peut donc être une bonne idée, tout comme le fait d’utiliser des réveils simulant la lumière du jour lorsque le soleil n’est pas encore levé au moment du réveil.
Ces bonnes pratiques devraient faciliter la transition vers la nouvelle heure au sein de la crèche ou du foyer de l’assistante maternelle. Si ce n’est pas le cas, Marie Juglaret invite à la patience.
Faire face aux soucis d’adaptation des jeunes enfants
Si, malgré toutes ces mesures, les jeunes enfants ont quelques soucis d’adaptation (qu’ils sont fatigués au moment du repas ou qu’ils ne souhaitent pas dormir à l’heure à laquelle ils le devraient), Marie Juglaret fait appel au sens d’observation des professionnelles de la petite enfance.
Elle explique que cette période transitoire doit mettre à l’honneur une pratique habituellement utilisée dans les structures accueillant de jeunes enfants (qu’il s’agisse de crèches ou de gardes à domicile) : le coucher échelonné*. Il permet de s’adapter aux besoins de chaque enfant tout en conservant le rythme habituel de la journée.
* Petit rappel concernant le coucher échelonné : il consiste à coucher d’abord les enfants que l’on qualifie de gros dormeurs, ceux qui sont fatigués et qui s’endorment aisément seuls. On procède ensuite au coucher des enfants dont l’endormissement est plus difficile – ceux qui sont fatigués mais qui ont besoin d’une présence pour s’endormir. Enfin, on termine par les enfants qui ont besoin de moins de temps de sommeil et à qui l’on peut, par exemple, lire une histoire.
Et que faire si certains ne parviennent pas à s’endormir ? Si cela est ponctuel, Marie Juglaret estime qu’après 30 minutes, ce qui correspond à deux tentatives d’endormissement (une phase d’endormissement étant de 15 minutes), il est préférable de sauter la sieste afin de bien conserver cette routine de la journée qui tranquillise l’enfant Ainsi, l’heure du goûter puis celle du dîner resteront les mêmes.
Pour conclure, rassurez-vous : les enfants sont en général très adaptables et au bout d’une petite semaine, tout rentrera dans l’ordre. Sinon, il faut creuser les causes possibles des difficultés d’endormissement… mais il y a fort à parier qu’elle ne soit pas liée au changement d’heure !
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