Rapports de Nathalie Elimas et Bruno Bonnell : vers une revalorisation des métiers de la petite enfance ?

Dans un rapport sur « l’adaptation de la politique familiale française aux défis de la société du XXIe siècle » qu’elle a co-écrit et qui a été déposé à l’Assemblée Nationale au début du mois de juillet, Nathalie Elimas, députée du Val d’Oise, se penche notamment sur les différents modes de garde d’enfants qui existent aujourd’hui.

Son constat est le suivant : alors que les modes de garde constituent un levier majeur pour l’égalité professionnelle homme-femme et l’épanouissement de chacun dans la vie familiale, la plupart des familles n’ont pas vraiment le choix du mode de garde, que les contraintes soient professionnelles, économiques ou techniques (notamment du fait du manque de places en crèche). Pour Mme Elimas, la politique mise en œuvre n’est pas assez performante ; en témoigne le faible nombre de création de places de crèche : seules 6% des 30 000 places annoncées en 2018 ont effectivement été créées à ce jour. 

Quelles propositions concrètes ?

Le rapport co-écrit par la députée comprend 8 propositions concernant l’accueil du jeune enfant :

  1. Accroître l’attractivité et la reconnaissance du métier d’assistant maternel ; notamment en développant les RAM et les MAM ainsi qu’en améliorant la formation initiale et continue

  2. Accélérer la création des places en crèche prévues dans le cadre de la COG 2018-2022 et permettre le déploiement d’une politique d’accueil du jeune enfant plus complète et opérationnelle

  3. Encourager le développement de structures d’accueil de jeunes enfants en situation de handicap sur l’ensemble du territoire

  4. Améliorer la qualification, en formation initiale et continue, des professionnels de la petite enfance, ainsi que la valorisation de ces métiers

  5. Mettre en place un véritable « service public de la petite enfance » rationalisant l’ensemble des dispositifs de garde d’enfant, avec l’objectif que chaque enfant jusqu’à ses trois ans bénéficie d’un mode de garde

  6. Développer la politique de soutien à la parentalité en mettant l’accent sur les 1 000 premiers jours de l’enfant et de façon inclusive

  7. Clarifier la politique de soutien à la parentalité pour faciliter l’accès des parents aux différents dispositifs et ressources disponibles

  8. Restaurer la visée universaliste de la politique de soutien à la parentalité en développant une approche non stigmatisante.

 

Ces propositions ciblent donc autant les parents, qui doivent être mieux soutenus et mieux informés, que les professionnels de la petite enfance, dont les métiers doivent être revalorisés et faire l’objet de formations initiales et formations continues plus poussées.

Un service public de la petite enfance ?

Une des propositions phare du rapport, la création d’un « service public de la petite enfance », reprend d’ailleurs ces grandes lignes en reposant sur 4 grands constats : l’offre de garde d’enfant ne correspond pas à la demande, le libre choix du mode de garde par les familles n’est pas garanti, les modes de gardes individuels ne sont pas valorisés, et la formation ainsi que la professionnalisation des acteurs doivent être améliorées. Selon Nathalie Elimas, en uniformisant la gestion de la politique d’accueil du jeune enfant via ce « service public de la petite enfance », on pourrait « d’une part, mieux calibrer les places d’accueil offertes en fonction des besoins réels des parents et, d’autre part, mieux coordonner les différents acteurs impliqués et améliorer de manière structurelle les conditions sociales et professionnelles des différents métiers de la petite enfance ».

 

Et le rapport de Bruno Bonnell ?

Ces opinions et objectifs sont amplement partagés par Bruno Bonnell (député de la 6e circonscription du Rhône) dans son rapport d’information sur les métiers du lien, qu’il a co-écrit avec François Ruffin et qui a été adopté début juillet à l’unanimité par la commission des Affaires Économiques. Il insiste notamment sur le fait que les métiers du lien  (aides à domicile, assistants maternels, accompagnants d’enfants en situation de handicap et animateurs périscolaires) doivent être reconnus comme de véritables professions, et ceux qui les exercent bénéficier d’un statut, d’une formation et d’une carrière. L’une des propositions du rapport concerne en particulier les assistantes maternelles : l’objectif est d’améliorer leur rémunération, par exemple en prenant en compte dans le temps de travail les temps de transport, préparation des repas, activités… 

 

Ces deux rapports, pour peu qu’ils bénéficient d’une visibilité suffisante, laissent donc espérer une revalorisation prochaine des métiers de la petite enfance, que l’on souhaite rapide !