Des techniques éprouvées pour apprivoiser les émotions des tout-petits
Parce qu’il est difficile de juguler les crises émotionnelles des tout-petits, nous sommes allés à la rencontre d’Aurélie Allain, formatrice enfance et petite enfance spécialiste des émotions et formée aux neurosciences, afin qu’elle partage avec nous des techniques qui ont fait leurs preuves. En voici quelques-unes.
Les techniques de gestion émotionnelle à mettre en place au quotidien dans les lieux d’accueil
La respiration
La formatrice propose deux techniques de respiration qui permettent aux jeunes enfants de s’apaiser au quotidien.
Respirer avec ses petites mains
Avec l’index de la main opposée, on propose au tout-petit de monter sur chaque doigt en inspirant puis de descendre en soufflant. On peut le faire trois fois sur chaque main pour que l’exercice permette réellement l’évacuation des tensions du moment.
Accueillir l’émotion
Autre technique, en évoquant une émotion, on demande aux tout-petits (autour de 2 ans) où elle se situe dans son corps, de poser leur main là où elle est ressentie, puis d’amener le souffle dans la main pour donner de la place à l’émotion. C’est une manière ludique d’accueillir l’émotion et de lui faire de la place car accueillir une émotion c’est l’accepter. On encourage l’enfant lorsqu’il y parvient.
Les rituels
La régulation des émotions est un apprentissage qui nécessite de l’entraînement. Introduire des petits rituels au quotidien permet à l’enfant de s’entraîner à apaiser quotidiennement ses tensions. Plus tôt cet apprentissage commence, plus tôt l’enfant saura s’autoréguler. Il peut s’agir de rituels avant la sieste ou le coucher (la respiration de la main par exemple) mais aussi au cours de la journée. Le matin, on peut accueillir les émotions de chacun en utilisant une roue des émotions (celle d’Autrement Dit, par exemple). Lorsque l’enfant fait face à de petites contrariétés, on peut utiliser une boule à paillettes (qui peut être fabriquée avec l’enfant). Les paillettes représentent les émotions, l’objet au centre, les ressources/forces du tout-petit. Pour que ce dernier s’apaise, on lui propose de porter son attention sur les paillettes qui se posent au fond de la boule pour retrouver toutes ses forces.
La verbalisation des émotions du jeune enfant
Reconnaître les émotions de l’enfant, les verbaliser pour lui et le rejoindre dans ses émotions, sans les minimiser, l’aide à passer le cap car il se sent compris. Cela lui permet de gagner en confiance en son ressenti et en les autres et lui donnent le vocabulaire nécessaire pour en reparler ultérieurement.
On peut aussi expliquer que les émotions sont une chance car elles permettent d’exprimer quelque chose d’important.
La symbolisation des émotions
Avoir des représentations des émotions lorsqu’on les verbalise avec l’enfant l’aide à identifier chacune d’elles. Il peut s’agir de représentations imprimées, de photos d’enfants et d’adultes, mais aussi d’objets personnalisant les émotions (petits coussins de colère, des boites à peur, etc.).
La localisation des émotions
Un petit coin Émotions est le bienvenu dans les lieux d’accueil. C’est là que l’on peut réaliser les rituels émotionnels ou que peut se rendre l’enfant lorsqu’il se sent submergé par une émotion.
Le sourire et le rire
Petite technique rigolote avec les tout-petits : il est prouvé que même un sourire forcé de 3 minutes permet d’activer le système nerveux parasympathique, celui qui permet à l’organisme de se relaxer. Alors demander à un enfant de forcer le sourire lorsqu’il est un peu tendu peut lui permettre de retrouver un apaisement.
La positive attitude
On parle souvent de la réponse à des manifestations émotionnelles négatives. Pourtant, souligne Aurélie Allain, il est fondamental de nourrir également l’émotion agréable. Apprendre aux tout-petits à repérer les jolies choses autour d’eux leur permet de mieux savoir ce qui leur fait du bien. Plus on est attentif à ce qui nous fait plaisir, plus on trouve de choses qui nous font plaisir. Un cercle vertueux à cultiver car il développe aussi l’esprit enquêteur du tout-petit.
EN CAS DE FLOT ÉMOTIONNEL
Ces techniques du quotidien peuvent être proposées à l’enfant lorsqu’il est en proie à une émotion forte. Selon la personnalité et les goûts de l’enfant, certaines seront plus adaptées que d’autres. Qu’il s’agisse d’aller courir avec lui, de crier des gros mots dans une boîte, de caresser un animal, de gribouiller l’émotion puis de la déchirer, de la mettre en boule, de sauter dessus ou de la jeter à la poubelle, ces rituels libératoires procurent des sensations d’apaisement.
Enfin, on peut l’inviter à contenir son émotion par le biais d’un câlin kangourou ; notre calme et notre respiration apaisée vont permettre à l’enfant de se calmer et de se calquer progressivement sur notre rythme respiratoire du fait de la synchronisation biologique.
Ces techniques en main, vous devriez parvenir à apaiser votre quotidien professionnel et à aider l’enfant à accueillir ses émotions et à en surmonter les excès en toute confiance. Une belle mission, tellement utile pour les jeunes enfants et pour les adultes qu’ils deviendront.