Inviter la Nature au sein des espaces d'accueil de jeunes enfants
L’idée de remettre un peu de nature au sein des structures d’accueil des jeunes enfants est séduisante, mais dans les faits, le manque d’espace ou le manque d’idées démotivent beaucoup d’initiatives.
Charline Cachat, spécialiste du sujet et fondatrice de Wild Child, nous explique comment faire... et comment, une fois la nature entrée dans le lieu d’accueil des enfants, pratiquer la libre exploration en toute sécurité.
Remettre la Nature au cœur de l’apprentissage des enfants
Beaucoup de professionnelles de la petite enfance n’ont pas la chance d’avoir un espace nature dédié pour les enfants qu’elles accueillent. D’autres ont accès à la nature mais ne savent pas bien comment l’exploiter dans l’apprentissage des jeunes enfants. Que tout le monde se décomplexe : d’abord, « il n’est pas nécessaire d’avoir un espace extérieur énorme pour reconnecter les enfants à la nature », explique Charline Cachat, et ensuite, il est important que tout se passe par petits pas… par petites expériences.
La Nature, présente dans le décor
On peut commencer par inviter la Nature dans le décor des enfants par exemple. Comment ? Par le biais de quelques astuces, simples et accessibles à tous.
Si vous vous sentez encore intimidé par le sujet, optez pour des cadres végétalisés (que l’on peut confectionner soi-même à moindre coût) et/ou plus simple encore, pour des plantes à accrocher en suspension, à la manière de mobiles. Vous donnerez aux enfants un accès visuel à la Nature sans qu’ils ne touchent les plantes – qui pour certaines sont toxiques.
Si vous avez davantage la main verte, les bacs de permaculture fonctionnent très bien avec les jeunes enfants. Ils leur permettent de suivre l’évolution des plantations, et de voir la nature changer au fil des jours : cela participe à leur éveil au monde.
Au-delà même de la sensibilisation de l’enfant à la nature, ce changement de cadre contribue à un meilleur renouvellement de l’air au sein de l’espace d’accueil de l’enfant. La qualité de l’air améliorée, la curiosité de l’enfant éveillée : vous avez fait le plus dur et êtes prêts pour la suite !
La Nature, vedette des explorations de l’enfant
Pour répondre aux besoins moteurs, psychiques, émotionnels et sensoriels de l’enfant, il est important de l’emmener plus loin dans l’exploration de la nature. Pour ce faire, de nombreux ateliers sont possibles. Faites-les à votre rythme, quand vous sentez que c’est le bon moment. « On ne peut pas passer d’un endroit sans nature à un endroit 100% nature instantanément », souligne Charline Cachat. Il est important d’avancer progressivement, avec ce qui nous met à l’aise.
La table des saisons
Pourquoi ne pas débuter par la table des saisons, telle que proposée par la pédagogie Steiner ? Il s’agit de chercher avec l’enfant des éléments de saison dans la nature (des feuilles mortes et des châtaignes en automne, des fleurs au printemps, des fruits en été, etc.) puis de les rapporter au sein de son lieu d’accueil. Si les promenades sont rendues difficiles par un contexte citadin, les professionnelles peuvent apporter elles-mêmes le matériel. Une fois ce matériel collecté, mettez le sur une table à portée des jeunes enfants avec d’autres éléments qui évoquent la même saison (des livres, des jeux, etc.). De cette manière, l’enfant est sensibilisé aux différentes saisons et aux changements qui s’opèrent dans la nature au fil de l’année.
Les ateliers sensoriels
Ces tables de saison peuvent être associées à des ateliers sensoriels : goûter les fruits de saison, sentir et toucher les éléments saisonniers, écouter, même, les bruits de la nature : l’eau, le bois qui craque, les oiseaux qui chantent. Chaque activité nature fonctionne comme toute autre activité pédagogique : elle vient développer une compétence. Nommer ce que l’on voit, ce que l’on touche, ce que l’on sent, participe grandement au développement du langage, une aubaine lorsque l’on sait que l’accès au langage est un des facteurs qui creusent le plus les inégalités chez les jeunes enfants.
Les terrariums – pour surprendre la nature
Autre atelier possible : utiliser des terrariums – entendez par là des contenants transparents. Il peut s’agir de bacs professionnels ou de bocaux à confiture. L’idée, c’est que les enfants puissent voir à travers les parois. Remplissez ces contenants de terre et de fourmis, ou de terre et de vers de terre ou, si les petites bêtes ne sont pas votre truc, plantez-y des carottes ! Ainsi, les jeunes enfants verront ce qui se passe sous la terre : comment les vers de terre se déplacent, comment les fourmis s’organisent ou encore comment poussent les carottes. Vous permettrez aux enfants de s’éveiller au cycle de la vie.
Les bacs d’exploration
Enfin, lorsque vous vous sentez complètement à l’aise avec la thématique nature, vous pourrez passer aux bacs d’exploration. L’enfant est alors acteur de ses expériences : il touche les éléments naturels tels que l’eau, la terre, la neige, les feuilles des arbres, etc., prend des risques, éprouve une certaine liberté et apprend de cette manière. Il arrive au cœur de ce que l’on appelle la Libre exploration.
La libre exploration en toute sécurité
Qu’est-ce que la libre exploration ? Il ne faut pas croire, insiste Charline Cachat, que cette approche consiste à laisser l’enfant livré à lui-même. Il s’agit de mettre en place un cadre sécurisé et orienté vers le développement de compétences pour que le jeune enfant soit maître de ses apprentissages et responsable de ses actions.
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Trouver le juste équilibre
Comment optimiser cette démarche de libre exploration ? En pensant, en amont :
aux objectifs pédagogiques que l’on associe à l’atelier proposé,
à ce que l’on est capable, en tant que professionnelle, d’accepter sans stresser,
à l’équilibre entre une trop grande liberté pour l’enfant (qui serait assimilée à de l’errance) et une éventuelle sur-stimulation (qui n’aurait aucun intérêt pour le jeune enfant).
La définition d’un cadre est importante : ce cadre rassure l’enfant dans ses découvertes et permet à la professionnelle d’être confiante dans sa proposition. On avance ainsi par étape, en voyant jusqu’où on peut aller pour conserver intact le plaisir de partager découvertes et expériences avec les enfants que l’on garde.
Se salir, se mouiller, se rappeler que la nature est un allié
Si vous devez faire ces expériences en intérieur, poser un grand drap par terre, mettre des tenues adéquates ou décloisonner les espaces optimisera les possibles des expériences. Se salir, se mouiller, toucher à tout, fait partie du jeu et encourage la prise de risque sécurisée de l’enfant. C’est également très bon pour sa santé : au contact régulier de la nature, les allergies plongent et l’immunité se renforce.
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