Les méthodes pédagogiques - #2 Montessori

Après avoir consacré un article à Pickler Loczy, nous nous attaquons aujourd’hui à la pédagogie Montessori.

Montessori, Freinet, Steiner, vous avez tous entendu parler d’une ou plusieurs méthodes pédagogiques en vogue dans les lieux d’accueil pour les jeunes enfants.

Quelles sont-elles et en quoi consistent-elles ? Nous avons décidé de partir à la rencontre de quelques-unes d’entre elles pour vous en donner des clés d’entrée et, qui sait, vous fournir de nouvelles pistes éducatives à explorer.

Deuxième acte : la pédagogie Montessori, décryptée par Agnès Verla, assistante maternelle depuis de nombreuses années, diplômée de l’Institut Montessori.

Deuxième Acte : Montessori

« Il est nécessaire d’apporter à l’enfant justice, harmonie et amour car seule l’éducation peut changer le monde et le mener à la paix. » Maria Montessori

Histoire

Au début des années 1900, Maria Montessori, médecin et pédagogue, acquiert une reconnaissance mondiale (inédite pour une femme) grâce aux résultats obtenus au sein de sa première Maison des enfants en Italie. Malgré deux prix obtenus à l’exposition universelle des États-Unis, Maria Montessori se voit contrainte de fermer toutes les Maisons des enfants en 1936. Pourquoi ? Le régime de Mussolini condamna sa pédagogie qui remettait en cause le principe éducatif mené dans les écoles Italiennes. Maria Montessori se retrouve alors assignée à résidence, chez elle, en Inde, avec son fils. À cette époque, elle passe beaucoup de temps à observer les nouveau-nés indiens, dans une culture où l’enfant est au centre de toutes les attentions. Cela lui inspire l’ouvrage L’Esprit absorbant.

Une fois libérée, elle termine sa vie aux Pays-Bas, à Amsterdam. Son approche est saluée par de nombreux pays. Signe de reconnaissance, elle reçoit notamment la Légion d’honneur française.

Principes fondamentaux

Maria Montessori a passé sa vie à observer les enfants. Cela lui a permis de dégager plusieurs stades dans leur évolution :

  • De 0 à 3 ans : la période « L’esprit absorbant », nommée ainsi car l’enfant apprend davantage durant cette période que durant tout le reste de sa vie (la marche, le langage, l’enfant découvre le monde en puisant dans son environnement…)

  • De 3 à 6 ans : « le renforcement des acquis », cette période consiste à enrichir toutes les découvertes de la période 0 à 3 ans.

  • De 6 à 12 ans : « l’exploration culturelle » où l’enfant est prêt à acquérir les connaissances que l’adulte met à sa disposition, avant de rentrer dans la période de la pré-adolescence.

S’appuyant sur ces différents stades, Maria Montessori montre que les besoins de l’enfant changent. Elle propose donc de mettre en place un environnement et une pédagogie qui répondent aux besoins de l’enfant en fonction de son âge.

La pédagogie Montessori au quotidien

La pédagogie Montessori s’appuie sur plusieurs principes.

  • Une posture de l’adulte bien définie

Qu’entendre par cette posture ? Comment l’adulte doit-il se positionner ? Voici plusieurs recommandations :

o Observer l’enfant afin de mettre en place une ambiance respectueuse de ses besoins. Il s’agit là de la clé de la méthode – en comprenant les besoins de l’enfant, on participe à son développement de manière positive et bienveillante.

Guider l’enfant, en tant qu’accompagnateur, vers des activités construites pour l’encourager à développer sa motricité, ses sens, son langage et sa socialisation.

o Être un modèle pour l’enfant : celui-ci « absorbe » nos attitudes, notre façon de faire, de parler, d’agir.

Respecter l’enfant en ayant une communication bienveillante avec lui.

  • Un environnement et du matériel adaptés à l’enfant

« Le concept fondamental de l’éducation consiste à ne pas devenir un obstacle au développement de l’enfant. » explique Maria Montessori. En d’autres termes, favoriser l’épanouissement et le développement d’un enfant passe par l’adaptation de son environnement et de ses outils à ses besoins.

Comment ? En respectant plusieurs règles :

  • L’activité Montessori ne possède qu’un seul objectif à la fois

    • L’enfant utilise une aptitude précise qu’il pourra répéter jusqu’à la maîtriser.

  • Les matériaux nobles sont privilégiés

    • L’enfant mérite tout autant que l'adulte d'être au contact de matériaux nobles, riches sensoriellement (le poids du bois, les textures de tissus, la fraîcheur du métal par rapport au plastique très pauvre sensoriellement)

    • L'enfant gagne davantage en autonomie s'il est au contact d’objet du quotidien (faire attention de ne pas faire tomber son verre parce qu'il est fragile ).

  • Globalement, une activité doit toujours un début, un milieu et une fin.

    • Cette routine qui se crée rassure les enfants dans leurs apprentissages en leur donnant des repères et permet aux tout-petits de se familiariser avec la chronologie.

  • Chaque nouvelle activité doit être présentée par l’adulte à l’enfant.

    • Par l’observation, Maria Montessori avait découvert ce que les neurosciences appellent les neurones miroirs. En regardant l'adulte faire, le cerveau de l'enfant fonctionne exactement comme s'il réalisait lui-même l'activité. L'observation est donc un apprentissage qui permet à l’enfant d’avoir toutes les clés pour s’approprier l’activité et être davantage en confiance pour la réaliser.

Pour comprendre le fonctionnement du cerveau de l’enfant, découvrez notre formation cerveau !

L’avis de notre pro, Agnès Verla

  • Les plus

    • Les résultats des observations de Maria Montessori ont été scientifiquement prouvés par les neurosciences.

    • Le fait de baser son quotidien sur l’observation des enfants permet de s’adapter à leurs besoins et de faciliter la routine et les apprentissages. Ainsi, l’on constate que :

      • les enfants sont plus sereins car leurs besoins sont entendus (l’adulte a pris le temps de les observer et a déterminé leurs besoins d'autonomie, d'exploration motrice et intellectuelle..),

      • les enfants ont une réelle envie de découverte – ils sont excités de découvrir quelle sera l’activité chaque jour,

      • les enfants développent une vraie volonté d'autonomie.

  • Les limites de cette pédagogie

    • Le prix du matériel estampillé Montessori. Cette limite se lève rapidement parce qu’il est possible, en respectant les fondements de la pédagogie, de créer des activités Montessori avec des objets du quotidien.

    • Un manque éventuel de préparation de l’enfant à l’entrée dans le système éducatif français, à la fois parce qu’il n’y a pas d’équivalence de niveau de l’enfant (comme CP, CE1, CE2…) au sein de la maison des enfants et parce que la pédagogie Montessori ne place aucune limite à la volonté d’apprendre de l’enfant – contrairement au programme scolaire qui impose des temps définis pour chaque matière.

    • Pour certains, l’approche Montessori ne favoriserait pas le développement de l’imagination. Pourtant l’objectif d’une activité n’est jamais le résultat dans cette approche, mais l’action effectuée par l’enfant qui pourra donc s’approprier l’activité comme il le souhaite.

Dans quel contexte utiliser cette pédagogie ?

Au quotidien, je ne vois pas de grande limite à appliquer la pédagogie Montessori en crèches et chez les assistantes maternelles, explique Agnès Verla.

Les clés pour l’appliquer sereinement :

  • penser son environnement d’accueil afin que l’enfant puisse y évoluer en toute autonomie (mobilier à taille d’enfant pour l’habillage, les repas et les soins).

  • proposer des activités variées (en fonction des saisons par exemple) avec des matériaux nobles et en essayant de montrer au maximum les objets plutôt que des images les représentant.

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Références

  • Pour découvrir la pédagogie Montessori, je conseillerai vivement Le manuel pratique de la méthode Montessori parce qu’il est très accessible, et parce qu’il a été conçu par Maria Montessori qui souhaitait que sa méthode entre au sein de chaque foyer.

  • L’Enfant, paru en 1935, est aussi un ouvrage fondateur.