Des outils pour rendre les lieux d'accueil plus inclusifs

Lorsqu’on parle de handicap, on cherche souvent à trouver des outils pour rendre les lieux d’accueil (qu’ils soient individuels ou collectifs) plus « inclusifs ». Pourtant, Cécile Thalen, directrice adjointe de l’institut médico-éducatif (IME) d’Auxerre, unité du pôle socialisation et inclusion scolaire de l’EPNAK Yonne, invite à penser les choses différemment. « Ce qui est bénéfique aux enfants porteurs de TND l’est pour tous les enfants ». Se doter d’outils spécifiques permet donc à chacun de développer son plein potentiel, sans que la différence ne soit un problème. Décryptage de ces différents outils.

 

Des outils pour le bien-être de tous les enfants

Source : Origin’ailes

La ligne de temps peut être utilisée dès 12-18 mois avec les tout-petits et les rassure sur l’organisation de la journée.
Au départ, explique Cécile Thalen, on peut travailler sur des temps courts : qu’est-ce qu’on va faire ce matin ? puis qu’est-ce qu’on va faire cet après-midi ? À mesure que l’enfant grandit, il est possible de travailler sur des temps plus longs.

À chaque activité correspond une image, un picto ou une photo (si l’on fait appel à des intervenants extérieurs par exemple).


En fonction des préférences des enfants, la ligne de temps peut être horizontale ou verticale.

Une fois qu’une activité est terminée, on décolle le petit dessin lui correspondant. Cela permet à l’enfant de se rendre compte du temps qui passe et d’avoir davantage de repères temporels. Cela le rassure.

Le conseil de l’experte « Fabriquez vous-même votre ligne de temps »

Pour cela, il vous faut :

  • De la feutrine,

  • Des scratches,

  • De la colle,

  • Des pictogrammes (que vous pouvez trouver dans le classeur PECS), des photos ou dessins,

  • Une plastifieuse.

Dessinez votre ligne de temps sur la feutrine, découpez les pictogrammes, plastifiez-les puis collez dessus des petits points de scratch. Sur la ligne de temps, collez ou cousez la ligne de scratch.

Les timers 

Pour les jeunes enfants, l’attente est compliquée… et cela est d’autant plus vrai pour les enfants porteurs de troubles du neurodéveloppement. Pour donner à chacun de meilleurs repères temporels, les sabliers (ou timers) sont idéaux. En illustrant le temps qui passe, ils donnent une contenance à l’enfant et une représentation tangible de l’attente. Cela est très rassurant et participe également à sécuriser l’enfant.

Dans les faits, on peut s’équiper de plusieurs sabliers de différentes couleurs avec des durées différentes, ou des objets plus sophistiqués, vendus par exemple par HopToys.

Enfin, pour que l’enfant se représente parfaitement ce pour quoi il attend, on peut ajouter, en bas du sablier, l’activité qui viendra ensuite. Ainsi, une anticipation est possible et évite une trop grande excitation.

La ligne de temps et les timers, participent à structurer la journée et offrent un cadre sécurisant aux tout-petits. Pour que ces outils soient efficaces, l’assistante maternelle, la garde d’enfant ou les personnels de crèche doivent également structurer les activités proposées, avec un début, un déroulé et une fin.

Les roues visuelles

Parce que la visualisation est très importante pour les enfants en général et pour les enfants porteurs de troubles du spectre autistique, les professionnelles de la petite enfance peuvent proposer aux tout-petits des roues visuelles :

  • La roue de la météo

  • La roue des émotions

  • La roue des saisons lorsqu’ils sont déjà un peu plus grands.

Là aussi, il est aisé de fabriquer son propre matériel sans que cela ne demande trop d’investissement. Les enfants les plus grands peuvent même participer – cela permet de travailler déjà de travailler la thématique que l’on souhaite mettre en roue.

Les vignettes images

Pour se repérer dans l’espace, les petits aiment savoir où se situe chaque chose. De la même manière que l’on peut mettre une petite photo sur le porte-manteau de chacun, sur sa place à table, etc., on peut mettre des images ou pictogrammes sur les placards, les tiroirs ou les étagères pour signaler la présence des différents objets avec lesquels les tout-petits jouent durant la journée. Cela les rassure, sécurise leur cadre de vie et participe aussi à l’acquisition du langage.

Un tableau des absents et des présents

Il est parfois angoissant, pour les plus grands, de constater l’absence d’un copain ou d’une copine, ou, en crèche, d’une référente.

Pour qu’ils comprennent bien que personne n’a disparu et que les absents sont amenés à revenir, on peut proposer au groupe un tableau constitué de deux colonnes : l’une avec la photo du lieu d’accueil, l’autre avec une photo de la maison. Chaque matin, on colle dans la colonne lieu d’accueil une petite photo des présents et dans la colonne maison, une photo des absents.

Des outils pour inviter au bien-être sensoriel

 Très à la mode, les ateliers Snoezelen sont souvent associés aux jeux de lumière qui permettent à l’enfant de se ressourcer. En réalité, ils proposent également des expériences avec des odeurs, des objets à toucher ou des textures sur lesquelles marcher pieds nus ou encore des sons doux à écouter. Ce retour aux expériences sensorielles fait beaucoup de bien à tous les jeunes enfants, porteurs ou non de troubles neurodéveloppementaux.

Un petit espace, à l’écart

Qu’il s’agisse d’une toile de tente, d’un igloo ou d’un petit espace un peu hors des espaces de vie ordinaires, proposer à l’enfant de se retirer du groupe pour se ressourcer en cas de sur-stimulation, de grosse colère ou d’excitation l’aide à retrouver son calme.

Au-delà de ces outils, utiles à tous, certains enfants ont besoin d’un peu plus pour supporter la vie en collectivité, qu’il s’agisse du domicile d’une assistante maternelle ou d’une crèche. Dans ce cas, certains outils spécifiques sont recommandés, explique Cécile Thalen.

 

Des outils spécifiques

 

Un casque antibruit

Parce que certains enfants porteurs de TND, et a fortiori de TSA, sont sensibles au bruit, il est parfois opportun de les équiper d’un casque antibruit.

Comment savoir si le tout-petit en a besoin ?
En général, il se bouche ou se tape les oreilles.

Comment savoir si le tout-petit va supporter le casque ? Comme pour tout, il faut tester et voir ce qui fonctionne – la règle étant toujours de respecter les besoins de l’enfant.

Une couverture lestée

Pour certains enfants qui ont besoin d’être contenus lorsqu’ils sont trop stimulés ou qu’ils se balancent en bougeant les mains, une couverture ou une écharpe lestées peuvent aider. Elles permettent de ramener tranquillement l’enfant à des activités calmes, telles qu’un temps comptines ou lecture.
 

Des ressources pour les professionnelles

Envie de creuser le sujet ? Voici quelques sites intéressants :

Notez que des actions de formation sont disponibles via les crédits non reconductibles de l’ARS et via certains dispositifs de formation de la CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie).

À savoir, l’ARS a parfois la possibilité de financer un poste spécifique lorsqu’une structure accueille des enfants ayant des besoins d’accompagnement spécifiques.

Par ailleurs, la formation Basale est proposée par le centre de ressources handicap de Loos.