Connaître les stéréotypes pour mieux en contrer les effets en lieux d'accueil
Dernièrement, on vous parlait des impacts des stéréotypes de genre sur le quotidien des pros de la petite enfance. Quand on parle de stéréotypes de genre, la plupart des pros de la petite enfance pensent s’en être débarrassé.
Et effectivement, les mentalités évoluent ! Pourtant, certains clichés ont la vie dure et continuent d’impacter l’imaginaire collectif et les projections des tout-petits.
Revenons avec Clara Lemonnier, fondatrice de Inspire, spécialiste du sujet et experte Edumiam, sur ce que cela implique.
Des stéréotypes ? Quels stéréotypes ?
Difficile de parler de stéréotypes de genre sans donner d’exemples concrets.
En voici donc quelques-uns qui se maintiennent dans la société contemporaine :
« Les garçons sont bagarreurs »
« Les filles sont capricieuses »
« Les filles sont coquettes »
« Les garçons sont courageux »
« Les filles ont peur »
« Les garçons sont colériques »
À partir de cette catégorisation, on adapte son attitude et ses propositions à ce que l’on projette de l’identité de l’enfant.
Exemple :
Stéréotype : les garçons sont colériques
Situation réelle : Charles fait beaucoup de colères
Conclusion qui enferme l’enfant dans une étiquette : Normal, c’est un garçon.
Or, chaque enfant a sa propre identité. Utiliser une situation pour en déduire un stéréotype revient à coller une étiquette sur l’enfant qu’il lui sera difficile de décoller par lui-même.
Comment savoir si l’on véhicule des stéréotypes malgré soi ?
Conscients aujourd’hui de l’impact de ces stéréotypes, nous essayons de nous en défaire et nous défendons de les véhiculer. Mais comment savoir si nous ne le faisons pas à notre insu ? Pour le découvrir, Clara Lemonnier propose un petit jeu : imaginez ce qu’est une fille pour vous puis imaginez ce qu’est un garçon pour vous.
Ensuite, analysez les différences que vous avez notées. Si filles et garçons sont diamétralement différents dans votre imaginaire, il est clair que certains clichés y demeurent. S’ils sont différents, essayez d’analyser ces différences et de voir si elles véhiculent ou non des clichés.
Si vous ne détectez aucun cliché, la partie n’est pas encore gagnée, car malheureusement, plusieurs autres vecteurs véhiculent les stéréotypes de genre.
Différents vecteurs de stéréotypes
En effet, au-delà des espaces d’accueil, la famille, les livres qui sont lus aux enfants, les jeux qu’ils ont à leur disposition ou encore ce qu’ils regardent à la télévision (lorsqu’ils la regardent) ont un impact sur leur comportement et sur leurs projections.
Si dans tous les dessins animés, ce sont les garçons qui ont le rôle des plus forts et les filles celui des plus intelligentes, à force de répétitions, certains clichés viendront s’imprimer dans les cerveaux des jeunes enfants.
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Le même mécanisme est à l’œuvre lorsque des personnes de l’entourage de l’enfant réprime ses pleurs parce qu’il n’est pas « une fillette » ou se moque de son côté « garçon manqué ».
Enfin, et ces mécanismes-là sont beaucoup moins faciles à mesurer, certains vecteurs de stéréotypes se trouvent dans l’attitude que l’on a avec les enfants. Comment ? Lorsque, inconsciemment, on passe plus de temps à consoler une fille qu’un garçon, on ne leur fait pas les mêmes compliments ou encore qu’on ne leur propose pas les mêmes jeux.
Les enfants remarquent tout, analysent tout et enregistrent tout. Ces différences marquent donc leur imaginaire pour le reste de leur vie.
Des impacts au quotidien et sur le long terme
Ainsi, plaquer des étiquettes sur les enfants, se comporter différemment avec eux selon leur sexe ou encore les baigner de projections sociales stéréotypées a des impacts sur leur propre développement.
Un bébé de six mois, qu’il soit une petite fille ou un petit garçon, n’est pas encore capable d’exprimer sa personnalité ou son identité. Lui associer, dès cet âge, des adjectifs liés à son genre l’enferme dans les projections limitées.
Or, être heureux, ce n’est pas réaliser ce que les autres projettent de soi, c’est pouvoir se projeter vers ce qui apporte son bonheur, sans limite liée à son genre, à son identité sociale ou sexuelle.
Accompagner un enfant, c’est l’accompagner sur cette route vers le bonheur, en écoutant ses aspirations plutôt qu’en le berçant de projections sociales stéréotypées. C’est à cette condition seulement que tous les enfants, quels que soit leur genre, leur origine ou leurs aspirations, pourront développer leur plein potentiel. Et pour ça, ça vaut la peine de tordre le cou à tous les clichés !
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