Vue de terrain - l'enfant et le langage #Accompagner le développement du langage
#1 Accompagner le développement du langage
Par Reka Richard, Directrice d’une structure d’accueil Les Bébés explorateurs.
Après un BEP Sanitaire et social, Reka prend des responsabilités dans la vente avant de revenir vers la petite enfance en 2016. Une VAE auxiliaire de puériculture en poche et une VAE éducatrice de jeunes enfants en cours, elle est à la tête d’une micro-crèche Les Bébés explorateurs depuis août 2021. S’appuyant sur sa réalité terrain, Reka nous propose des astuces et des repères pour mieux accompagner tous les enfants dans le développement du langage. Selon elle, la meilleure manière d’accompagner le développement du langage chez les jeunes enfants est de communiquer avec eux.
Pour que l’enfant parle, il faut lui parler
Cela peut paraître évident mais rien de mieux que de parler aux enfants pour leur transmettre l’envie de parler eux-mêmes. Non seulement ils voient ainsi l’utilité du langage dans la communication mais ils acquièrent aussi les bases pour expliciter, plus tard, ce qu’ils ressentent et où poser les limites.
Parler normalement
Parler normalement aux enfants leur permet d’apprendre du vocabulaire et participe au développement de leur langage. L’effort des référents doit se concentrer dans les mots choisis – qui doivent être simples et adaptés à l’âge du jeune enfant (tout en bannissant les mots inventés ou coupés). Dans cette optique de ne pas parler bébé, il est important également de s’adresser individuellement à chaque enfant – avec la même attention que lorsque l’on parle à un adulte.
Accompagner la Communication gestuelle associée à la parole aide à garder le cap. En associant un geste à chaque parole, on donne à l’enfant une nouvelle possibilité de se faire comprendre. Le tout-petit utilise d’abord les gestes puis, en confiance, développe progressivement les compétences nécessaires aux échanges oraux.
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Parler de tout
Dans cette optique, il est important de parler de tout ce qui se passe dans la vie de l’enfant : de ce qu’il voit, entend, sent, goûte, touche et de ce qu’il fait. Il accumule ainsi du vocabulaire lui permettant d’exprimer ses goûts, de parler de ses activités et d’éveiller ses sens.
Autre champ lexical important, pour éviter plus tard les tempêtes émotionnelles dues à la frustration : celui des émotions. Parler des émotions et les associer à des images ou à des moments particuliers donne à l’enfant les mots pour évoquer ce qu’il ressent.
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Même constat pour les règles, que l’on peut répéter pour permettre aux tout-petits de les intégrer.
En pratique : créer des routines langagières
La répétition permet à l’enfant de se familiariser avec le vocabulaire répété. Développer des « routines langagières » ne veut pas seulement dire verbaliser les moments répétitifs de la journée (les changes ou les repas, la promenade). Prenez du plaisir à nommer souvent les choses du quotidien (la météo, les jours de la semaine, les vêtements, les émotions, les prénoms, les aliments), encourage Reka. Tout peut être prétexte à une routine langagière, explique-t-elle – un jeu ou une chanson peut totalement devenir une routine, un rituel. La clé, pour stimuler le développement du langage, est de prendre plaisir dans ces échanges avec l’enfant et de l’encourager dans ses initiatives de communication.
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L’importance des supports de communication
Parce que le développement du langage se nourrit du plaisir de l’enfant, il est important pour les référents d’être à l’écoute des préférences des enfants et d’utiliser des supports qui leur permettent d’associer langage oral et plaisir.
La lecture
Les enfants aiment beaucoup écouter des histoires – leur lire des histoires est une première manière d’enrichir leur langage dans un moment plaisir. Mais lire avec l’enfant, c’est aussi le faire participer à l’histoire. Lui poser des questions sur les dessins, verbaliser avec lui ce qu’il se passe en marge de l’histoire…
Les marionnettes
Autre objet qui remporte l’adhésion des enfants, la marionnette. Elle permet de reproduire des scènes de la vie quotidienne ou de faire vivre des personnages qu’ils apprécient – entre plaisir et distance, les tout-petits intègrent plus facilement le vocabulaire utilisé. Variante : le kamishibaï qui permet de donner une autre dimension aux histoires.
Les imagiers
Un imagier ne doit pas devenir le prétexte à la question « et ça, c’est quoi ? C'est de quelle couleur ? » répétée à l’infini. Travailler sur un imagier se prépare afin que des connexions soient établies entre le quotidien de l’enfant et les images/objets proposés (des couleurs, des textures, des objets du lieu d’accueil, des thèmes déjà abordés ensemble). Pourquoi ? Pour rassurer l’enfant sur sa capacité à nommer les choses et l’encourager dans sa prise de parole, pour rendre l’activité plus ludique aussi. Lorsque l’enfant est en confiance, il est en effet plus ouvert au jeu. Dernier conseil, Reka préfère utiliser des photos – plus directement connectées au quotidien que les images.
Les memorys
Enfin, autre activité intéressante : les memorys qui permettent à l’enfant de travailler sur la répétition de mots et de se les approprier par le jeu. Comme les imagiers, il est préférable que les memorys reprennent un thème connu des enfants, ce qui les rassure.
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Le rôle fondamental des parents
Enfin, pour accompagner au mieux les enfants dans le développement du langage, il est important d’y associer les parents.
Partager le quotidien crèche/maison
Parler aux parents de ce que fait leur enfant au quotidien – les activités, les mots qu’il prononce, etc. prolonge le développement de l’enfant de la crèche à la maison. En réutilisant le langage de la crèche à la maison, les parents montrent à l’enfant que les mêmes mots produisent les mêmes effets dans les deux endroits. Une manière de rassurer l’enfant et de lui procurer une plus grande confiance. Par ailleurs, réutiliser à la maison les mots que l’enfant prononce à la crèche lui permet de se les approprier encore davantage car il se sent encouragé.
De la même manière et par le même mécanisme, s’informer (sans être intrusif) de ce qui se passe chez l’enfant permet de prolonger le quotidien de la maison à la crèche et rassure l’enfant. Cela a aussi pour vertu verbaliser de nouveaux mots avec l’enfant et de comprendre certains blocages – par exemple dans le cas d’un choc émotionnel fort.
Des relations parents-pros saines, un terreau pour le langage
Si l’enfant voit que les transmissions se passent bien et qu’il y a un climat de confiance entre ses référents, il se sent plus en confiance pour se lancer dans la grande aventure du langage. Cet aspect, souvent minimisé, n’est donc pas à négliger, conclut Reka.
Retrouvez notre deuxième article de notre série Vue de terrain : L’enfant et le langage #Retards de développement