Troubles du langage – comment les identifier ?

Le développement du langage concentre l’attention des parents et des professionnels. Les retards de langage sont scrutés et interrogés. Cela se comprend : plus un enfant parle rapidement, plus il est facile d’échanger avec lui et d’éviter sa frustration dans la communication. Or, se focaliser sur le langage permet souvent de détecter d’autres pathologies. Stéphanie Moryoussef, orthophoniste spécialiste des troubles du langage et experte Edumiam revient sur la typologie des troubles du langage, sur ce qu’ils impliquent et sur l’importance de se poser des questions tôt pour éviter à l’enfant toute difficulté d’ordre social lors de son entrée à l’école.

La typologie des difficultés de langage

D’abord, il est important de rappeler que chaque enfant est unique et que son développement lui est propre. Écouter ses besoins et comprendre ses difficultés permettent souvent de l’aider à avancer et à dépasser les difficultés auxquelles il est confronté.

Lorsqu’un retard de langage est détecté autour des 2 ans de l’enfant (moment où l’on peut se rendre compte s’il progresse dans l’acquisition de vocabulaire), la première chose à faire et de vérifier son audition.

On va ensuite chercher à savoir si le retard de langage est isolé ou s’il s’inscrit dans d’autres difficultés.

 
 

Réagir aux troubles du langage

Face à des troubles du langage d’un enfant, l’essentiel est de se faire aider pour l’accompagner au mieux.

Pour se repérer dans l’évolution du langage chez le jeune enfant, consultez notre article développement du langage : des jalons pour se repérer.

Cependant, au quotidien, l’adulte a la possibilité d’améliorer l’existant. Comment ? En se mettant en position d’observateur et en guettant toute tentative de communication de la part de l’enfant. Dès qu’elle advient, l’adulte peut verbaliser la situation pour donner un modèle verbal au jeune enfant. Attendre que ce dernier soit réceptif permet de stimuler au mieux ses compétences langagières.

Face à ce genre de troubles, il est toujours plus productif de travailler le langage en contexte, dans des moments de plaisir et de jeu plutôt que dans des approches très rééducatives comme se poser devant un imagier qui n’intéresserait pas spécialement l’enfant : nommer des objets hors contexte s’avèrera inutile et n’aura aucun impact sur l’enfant. 

Par ailleurs, pour que l’enfant se sente important et qu’il ne se décourage pas, on montre qu’on éprouve de l’intérêt pour ce qu’il souhaite communiquer. Ainsi, il se lasse moins d’essayer. En cas d’incompréhension, on peut tenter de reformuler et faire des propositions si l’on ne comprend pas ce qu’il dit, Si une phrase est compréhensible avec une erreur de prononciation, il ne faut surtout pas couper la communication… L’idée est toujours d’encourager les initiatives de l’enfant. 

Enfin, face à un enfant qui ne parle pas du tout, l’adulte observateur doit parler d’abord et ensuite s’attarder à ce qui semble lui procurer du plaisir. Ces activités plaisir lui permettront d’amorcer des échanges avec l’enfant. On mettra l’enfant en situation de demande pour l’inciter à entrer en communication et demander une activité qui lui plaît.

Pourquoi faut-il réagir vite ?

Face à des troubles du langage, il est parfois tentant d’attendre… pour voir si le retard se confirme ou si, comme certains l’avancent de façon erronée, l’enfant est « simplement un peu paresseux ». Or réagir vite est fondamental pour deux raisons.

  1. Plus d’impact sur les troubles du langage

    Un enfant pris rapidement en charge maximise ses chances de progresser dans son développement. Le fait qu’il soit suivi sur le long terme par des spécialistes lui permettra également d’inscrire ses progrès dans la durée.

  2. Un ressenti amélioré chez l’enfant

    Un enfant qui ne parvient pas à verbaliser ses pensées vit une situation très frustrante, très décourageante. Cela peut contribuer à des comportements de frustrations – une communication par défaut pour montrer ce qu’il ressent. Montrer à l’enfant qu’on est attentif à son malaise et qu’on agit pour lui le rassure et lui donne une meilleure image de lui-même. Cela est fondamental pour l’aider à progresser


Comment faire face à des parents qui nient tout problème ?
 

Les professionnelles de la petite enfance sont en première ligne pour observer les enfants dans leur quotidien et leur expérience leur permet de déceler rapidement (sans poser de diagnostic, mais en invitant les parents à consulter le pédiatre ou médecin) certains troubles – parfois avant les parents. Comment faire, dès lors, pour leur faire comprendre qu’il faut agir pour leur enfant ?

Aborder la situation par le biais de l’expérience, en montrant que l’on connaît les étapes du développement classique du langage et que l’on veut s’assurer du bien-être de l’enfant peut constituer une étape efficace pour mettre les parents en position d’écoute et d’acceptation.

La confiance établie, il est capital d’éviter absolument tout jugement et tout alarmisme. Chaque enfant a un développement propre, est-il bon de rappeler avant de suggérer de parler des retards constatés à un médecin dans l’optique « mieux vaut prévenir que guérir ».

Petit conseil en plus (qui dépasse les problématiques du langage) : faites-vous confiance quand vous abordez ce genre de troubles – c’est ainsi que vous diffuserez la confiance autour de vous, et chez les parents notamment.

Ressources

  • Le site de la FNO (fédération nationale des orthophonistes).

  • Allo Ortho, un site qui pourra répondre à vos questions.

  • Agir-tot.fr, un site qui vous permet de trouver des réponses en vidéo aux questions sur les retards de développement.

Pour aller plus loin sur le développement et les troubles du langage, inscrivez-vous à notre formation langage !