Le rapport des 1 000 premiers jours remis à Adrien Taquet
Ce mardi 8 septembre, la Commission des 1 000 premiers jours a remis à Adrien Taquet le rapport sur lequel elle a travaillé depuis un an.
Parmi les recommandations phares : allongement du congé paternité à 9 semaines, augmentation des moyens des maternités et des PMI, création d’un « parcours des 1 000 jours » destiné à accompagner les parents… Des propositions fortes, qui doivent être examinées par le gouvernement dans les prochaines semaines, et dont on espère qu’elles seront suivies d’actions concrètes !
Emmanuel Macron affirmait au lancement de la Commission : « Je prends l’engagement devant vous que l’on fera, vous n’êtes pas seulement là pour écrire ou pour dire. »
Avec la crise sanitaire et économique actuelle, on peut se douter que la mise en place des recommandations ne sera pas une mince affaire. Mais certaines pourraient néanmoins être intégrées au Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2021 discuté cet automne.
Retour sur les origines du rapport
Il y a tout pile un an, Emmanuel Macron ancrait l’importance des 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant en construisant une commission d’experts chargée de répondre aux enjeux du développement de l’enfant durant cette période. Présidée par Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, cette commission devait travailler avec le secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance, Adrien Taquet, à l’élaboration d’un « parcours des 1 000 premiers jours » à destination des parents et à la formulation de recommandations pour le gouvernement.
En septembre 2019, la commission d’experts se fixait donc comme objectif de rendre début 2020 un rapport articulé autour de 4 grandes priorités :
Élaborer un consensus scientifique sur les recommandations de santé publique (alimentation, environnement du bébé…) concernant la période des 1000 premiers jours
Construire un parcours pratique du jeune parent plus lisible et plus complet durant cette période
Apporter un éclairage scientifique sur la question des congés de naissance
Repenser les modes de garde et le système d’accueil du jeune enfant à horizon 10 ans.
Malgré quelques mois de retard dus à la situation sanitaire, les recherches ont tout de même été menées et le rapport remis le 8 septembre à Adrien Taquet, désormais secrétaire d’État à l’Enfance et au Familles.
Pour en savoir plus sur l’évolution de sa fonction, n’hésitez pas à consulter notre article à ce sujet : Adrien Taquet nommé secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles.
Un rapport structuré en 5 chapitres
Sans surprise, le rapport reprend bien les 4 priorités énoncées ci-dessus, en proposant des mesures concrètes dans la lignée de chacune d’entre elles. Le rapport s’articule autour des 5 chapitres suivants :
1. Formuler un discours de santé publique cohérent pour les 1 000 premiers jours
Dans cette partie, les experts de la Commission reviennent sur les conditions du bon développement de l’enfant, en insistant notamment sur la nécessité de reconnaître et de prendre en charge les dépressions périnatales (troubles de l’humeur pouvant affecter la mère et/ou son enfant durant la grossesse ou après l’accouchement).
2. Le « parcours 1 000 jours » : proposer un accompagnement personnalisé aux parents
Ce parcours des 1 000 premiers jours doit mettre à disposition des parents des informations fiables à chaque étape de la vie de leur enfant entre le 4ème mois de grossesse et le 2ème anniversaire, et instaurer un dialogue entre jeunes parents et professionnels, afin de limiter l’isolement des parents ainsi que leur épuisement.
3. Parcours 1 000 jours : une réponse individualisée, adaptée aux fragilités et aux spécificités de l’enfant et de ses parents
Ici, la Commission préconise d’apporter un soutien renforcé aux familles confrontées à des difficultés de différentes natures : naissance prématurée, troubles du neuro-développement, troubles psychiques des parents, situations de violence conjugale, précarité, parents en situation de handicap…
4. Les congés de naissance et les structures d’accueil : donner le temps et les espaces adaptés aux familles et aux jeunes enfants
Les congés de naissance sont repensés pour donner plus de temps aux parents, ainsi que le système d’accueil, qui doit évoluer vers la construction d’espaces plus propices au développement de l’enfant.
5. Traduire cette ambition inédite dans la recherche, l’évaluation des pratiques et la formation des professionnels
Il s’agit ici d’améliorer la connaissance sur les 1 000 premiers jours de l’enfant, à la fois en favorisant la recherche à ce sujet mais également en formant les professionnels sur les éléments clés de ces 1 000 premiers jours. Les pratiques actuelles doivent également être évaluées afin d’identifier les façons de les améliorer.
Les recommandations examinées dans les prochaines semaines
Parmi les nombreuses recommandations émises par la Commission, certaines ont particulièrement retenu l’attention d’Adrien Taquet et devraient être examinées par le gouvernement au cours des prochaines semaines, ainsi que le souligne le communiqué de presse du Secrétariat chargé de l’Enfance et des Familles (08/09/2020) :
La création d’un « parcours des 1 000 jours »
Celui-ci comprendrait notamment un accompagnement personnalisé depuis l’entretien du 4emois jusqu’au retour à domicile après l’accouchement, renforcé en cas de fragilités (handicap, troubles psychiques, précarité…)
La généralisation de l’entretien natal précoce
Pour rappel, cet entretien avec une sage-femme ou un médecin au cours du 4emois de grossesse n’a pas lieu aujourd’hui pour plus de deux grossesses sur trois, alors qu’il constitue une aide essentielle pour les familles qui ont du mal à appréhender (voire accepter) la grossesse.
L’augmentation des moyens des maternités et des PMI
Cette augmentation aurait pour but d’assurer un lien étroit entre la PMI et chacune des 500 maternités françaises, afin de mieux accompagner les parents.
L’allongement du congé paternité
La Commission préconise une durée de 9 semaines (alors que le congé paternité ne dure aujourd’hui que 11 jours), qui s’inscrirait dans une réforme ambitieuse du congé parental. En effet, les experts sont convaincus qu’ « il faut du temps, de la disponibilité et de la proximité physique et émotionnelle de la part des parents pour qu’ils construisent avec leur bébé une relation harmonieuse ».
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