Bientraitance : « écouter et verbaliser, c’est vraiment la clé »
Dans nos précédents articles, on vous parlait de la bien-traitance décryptée par Arnaud Deroo et de la bientraitance : “écouter et verbaliser, c’est vraiment la clé”.
Dans la continuité de ces articles, nous avons fait appel à Lucie Malpaux, éducatrice de jeunes enfants depuis 2015 et directrice d’une crèche Les Bébés explorateurs. Elle revient pour nous sur les mécanismes à activer pour installer durablement la bientraitance au sein des espaces d’accueil.
Un cadre bientraitant – l’incontournable
Avant même d’évoquer la bientraitance avec les tout-petits, Lucie revient sur l’importance d’instaurer la bientraitance au sein de l’équipe de professionnelles qui travaille dans le lieu d’accueil (pour celles qui travaillent en collectivité) et avec les parents. En quoi cela consiste ?
Une écoute indispensable
Le quotidien des pros de la petite enfance est difficile car il demande beaucoup de disponibilité physique et psychique, rappelle-t-elle en préalable. D’où l’importance d’être à l’écoute, disponible et bienveillant.
Comment ?
En félicitant les réussites quotidiennes, en encourageant chacun lors de périodes plus compliquées et en valorisant les initiatives et les avancées.
Cela peut aussi passer par la proposition de formations pour pouvoir sortir du cadre et se sentir valorisée sur une thématique que l’on apprécie… ou encore par des réunions entre pros (pas nécessairement avec des collègues du quotidien) où l’on prend le temps de dire les choses et on l’on peut sortir du quotidien et prendre un peu de distance.
Sans cet esprit d’équipe, continue Lucie, les pros ne se sentent pas suffisamment considérées et il sera très difficile pour elles d’insuffler de la bientraitance autour d’elles.
Ne l’oublions pas, les enfants ressentent tout ! Si les pros ne se sentent pas bien, les enfants ne peuvent pas se sentir complètement bien.
Reconnaître les besoins de l’autre
La même équation se vérifie avec les parents. S’ils se sentent valorisés dans leur rôle et écoutés dans leurs demandes, ils seront beaucoup plus dans la confiance et dans le lâcher prise. Un ressenti qui aidera la continuité entre la maison et le lieu d’accueil et qui permettra aux enfants de se sentir plus sereins, bien dans leur quotidien.
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Comment y parvenir ?
En leur montrant, dès l’entretien d’accueil, que l’on est à l’écoute des besoins de leur enfant et de son rythme, à l’écoute de leurs demandes.
Dès le début également, en mettant en place un cadre très clair et expliciter quelles demandes ne peuvent pas être honorées (accueil d’enfants malades par exemple). Cela évite toute surprise et toute frustration de leur part par la suite.
En adaptant la familiarisation selon leurs besoins et leurs attentes. Proposer des horaires qui conviennent aux parents aide beaucoup, tout comme être à l’écoute de leurs questions et rappeler, le cas échéant, la présence d’un psychologue à leur écoute dans la structure.
En personnalisant l’arrivée de l’enfant* et en le mettant à l’honneur lors de moments spéciaux comme son anniversaire.
En les encourageant à appeler la structure lors de la première semaine de l’enfant pour désamorcer leurs éventuelles angoisses et les rassurer.
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Le cadre posé, la verbalisation constante
Les professionnelles et les parents écoutés dans leurs besoins et en confiance, il est temps de se tourner vers l’enfant et de voir en quoi quelques pratiques quotidiennes lui permettent d’évoluer dans un cadre bientraitant, propice au développement de son plein potentiel.
La verbalisation
Avant toute chose, Lucie insiste sur la nécessité de TOUT verbaliser avec l’enfant. Pourquoi ? La réponse se trouve très facilement lorsque, en tant qu’adulte, on se met pour 2 ou 3 heures dans la peau d’un tout-petit. Être attrapé pour être changé, se retrouver avec un mouchoir sous le nez sans avoir rien demandé, ou encore être mis à table sans savoir pourquoi, s’avèrerait anxiogène pour nous. Il en est de même pour les enfants. Il est donc important de tout leur expliquer, de se mettre à leur hauteur et de verbaliser ce qu’on fait ou ce qu’on va faire. Ils gagnent ainsi en confiance en l’adulte, en confiance en eux, et, ce qui ne gâte rien, emmagasinent du vocabulaire, indispensable pour l’apprentissage de la parole.
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Le respect des besoins de l’enfant
Autre point important pour être dans la bientraitance, respecter les besoins de l’enfant – qu’il s’agisse des temps de siestes ou de repas, des temps de jeux, des activités qui l’intéressent, de l’espace qu’il explore (dans l’idée de la motricité libre).
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Cela demande une organisation des pros en amont, l’achat de jouets en plusieurs exemplaires ainsi qu’un aménagement de l’espace d’accueil qui soit « contenant pour l’enfant ». Anticiper le cadre d’accueil et le penser pour que le moins de situations tendues apparaissent permet de faciliter le quotidien ensuite.
La valorisation
Dernier point mais pas le moindre : la valorisation des jeunes enfants. Faire en sorte de mettre en avant ceux qui partagent, qui échangent, qui viennent consoler leur petit copain un peu triste permet de renforcer ces attitudes empathiques et de les inscrire dans la durée.
Au-delà de cela, être dans l’observation des tout-petits et valoriser leurs progrès participent à renforcer leur confiance en eux et à les faire se sentir bien, prêts à explorer le monde et à s’y épanouir.
Pour conclure Lucie propose un petit conseil, qui vaut bien au-delà des sphères de la petite enfance : pour être bientraitant, inspirons-nous des enfants, de leur capacité d’émerveillement, de leur émerveillement quotidien. En gardant cette posture et la joie qu’elle induit, notre regard sur le monde change. Comme par magie, la bienveillance et la bientraitance y occupent une place plus importante. Alors ? Prêts ?!
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