Le goût alimentaire, fruit d'un apprentissage comme un autre
Commençons par une question : qu’est-ce que le goût ? On l’oublie bien souvent mais le goût est un sens impacté par les 4 autres sens : la vue, l’odorat, l’ouïe et le toucher (la texture). Pour apprendre à faire aimer un aliment, il est important de solliciter chaque sens : d’abord chacun l’un après l’autre, puis tous ensemble. En début de repas, ce sont la vue, l’odorat et le toucher qui sont sollicités. Puis, pendant le repas, l’enfant sollicite l’ouïe et retrouve les 5 saveurs en bouche.
Développer le goût d’un enfant, ça prend du temps !
Trois moments sont clés dans la construction des préférences alimentaires :
La vie utérine (grossesse)
L’allaitement
Tout commence pendant la grossesse et l’allaitement : les aliments mangés par la mère vont directement influencer le goût de l’enfant. Ainsi, si elle mange beaucoup de légumes, il y a de fortes chances pour que l’enfant les apprécie plus tard.
Le tout début de la diversification alimentaire est également très important : proposer une alimentation variée favorise l’acceptation de nouveaux aliments par la suite, et ce jusqu’à 6 années plus tard.
L’étape de la diversification alimentaire
Des rituels à mettre en place pour favoriser la diversification alimentaire
Pendant les repas et dès les premières cuillères, prenez le temps de :
nommer l’aliment, décrivez sa couleur, et faites-le sentir.
essayer de décrire l’aliment
laisser l’enfant toucher l’aliment et progressivement attraper avec ses doigts des morceaux.
Soyez attentif à chacune de ces étapes : les enfants ne sont pas sensibles de la même manière à ces différentes sensations. Par exemple, certains enfants n’aiment pas le « son du croquant » en bouche, d’autres n’aiment pas les textures pâteuses, certains n’aiment pas la couleur du vert, etc. Et adaptez vos menus en fonction !
En dehors des repas, vous pouvez également chanter des chansons qui parlent de ces aliments, utiliser des cahiers de coloriages avec des fruits et légumes par exemple, raconter des histoires de jardinage, faire toucher les aliments pendant que vous préparez le repas, jouer à la dinette, etc.
2 enjeux clés au moment de la diversification alimentaire
Présenter à l’enfant une grande variété d’arômes et d’aliments
Présenter à l’enfant de nouvelles textures (introduire des textures « grumeleuses » dès 6/8 mois, puis des petits morceaux bien mous et fondants vers 10 mois). La texture et la capacité de mastication de l’enfant, jouent sur le goût.
Les comportements alimentaires liés à 2 étapes clés
Une période d’ouverture : De 4 à 18 mois
Profitez-en pour faire goûter un maximum d’aliments (autorisés bien sûr !), À priori, les enfants sont plutôt faciles au cours de cette période, ils ont peu de rejets alimentaires. De plus, ils s’autorégulent facilement (ils savent bien quand ils ont / n’ont plus faim !).
Une période sensible de fermeture aux alentours de 18-24 mois
Il s’agit d’une phase normale de développement, en lien direct avec le désir croissant d’autonomie du jeune enfant. Mais c’est également une étape incontournable dans la construction de ses préférences alimentaires. On constate 3 principaux types de comportements, qui souvent s’accumulent :
À la fameuse “néophobie alimentaire” = l’enfant a peur du nouveau
S’ajoute une plus grande sélectivité = l’enfant est de plus en plus sélectif dans son alimentation, ses envies et choix alimentaires sont limités à des aliments aux saveurs peu prononcées (concrètement, il aime beaucoup les féculents et les protéines animales, et peu les légumes)
Et une certaine dérégulation = l’enfant est moins capable de savoir s’il a encore faim ou non, notamment parce que l’adulte a tendance à lui proposer de plus en plus souvent des choses à grignoter : des morceaux de pain, des gâteaux, etc.
Si rien n’est fait, l’enfant n’aura pas accès à une alimentation équilibrée pendant cette période, ce qui impacte sa santé à court terme mais aussi à plus long terme.
Ses goûts et préférences alimentaires auront des chances de perdurer dans la vie d’adulte. En effet, ce que l’enfant préfère et choisit dans son assiette aux environs de 2-3 ans est un bon indicateur de ce qu’il mangera à l’adolescence et même dans sa vie d’adulte.
Lorsqu’un enfant ne veut rien manger, qu’est-ce qu’on fait ?
S’il ne semble pas aimer un aliment, on applique le principe d’exposition répétée : on lui repropose les aliments refusés à 2 ou 3 jours d’intervalles, d’abord sous la même « forme » (par exemple, des petits dés de courgettes) et si possible associés avec des aliments qu’il aime. Si après une dizaine de tentatives, il ne veut toujours pas en manger, on lui propose sous une autre forme (variez les modes de préparation ! Par exemple, un gratin de courgettes, des courgettes crues râpées ou à la poêle, etc.).
On essaie de faire du moment du repas un moment de plaisir. Jouez sur l’esthétisme de l’assiette (faites un petit bonhomme avec de la purée et des tomates par exemple), prenez autant que possible votre repas avec lui (l’enfant fonctionne par mimétisme ; s’il vous voit manger des courgettes, il voudra faire comme vous !), encouragez-le à goûter de tout (« mmmh, c’est bon » !).
Pas de tablette ou d’écran pendant le repas, cela détourne le jeune enfant de son sentiment de satiété : ne faisant pas attention à ce qu’il mange, il ne sait plus s’il a encore faim ou non.
On ne le force pas à finir son assiette, on lui fait confiance. Demandez-lui s’il a encore faim. S’il ne veut plus de son plat salé, proposez-lui tout de même son laitage et son dessert, qui sont des aliments essentiels au repas et à son équilibre alimentaire.
Pas de chantage de type « si tu ne termines pas tes courgettes, tu n’auras pas de dessert », cela risque de le conforter dans l’idée que cet aliment « n’est pas bon ».
Vous l’aurez donc compris, dans l’éducation au goût, la persévérance est le maître mot !
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