Les alimentations végétariennes et végétaliennes sont-elles adaptées aux tout-petits ?
De plus en plus de parents font suivre à leurs enfants des alimentations particulières. Ces alimentations comportent-elles des risques ? Permettent-elles de satisfaire les besoins nutritionnels du jeune enfant ? Quelques éléments de réponses dans cet article qui s’appuie sur les recommandations officielles. Petit rappel ! : On rappelle que l’enfant n’est pas un adulte en miniature et qu’il a des besoins spécifiques liés à sa croissance, à ses organes immatures.
Les alimentations végétariennes et végétaliennes : les grandes lignes
L’alimentation végétarienne exclut la consommation de chair animale (viande et poisson).
L’alimentation végétalienne exclut la consommation de tous produits d'origine animale (viande, poisson, œuf, laitage, fruits de mer, miel). Cette alimentation est donc uniquement constitué de fruits, de légumes, de céréales, de légumineuses et de protéines végétales type tofu et seitan (gluten de blé).
Quelles sont les motivations de l’adoption de ces alimentations ?
Ces choix sont relatifs à certaines convictions personnelles :
Liées à la souffrance animale lors de l'élevage, l'abattage ou l'exploitation animale.
Liées aux impacts environnementaux (exploitation de ressources énergétiques et destruction de la biodiversité).
Certains pédiatres disent qu’il n’y a pas de limitation de protéines à faire chez l’enfant. Mais surtout, aujourd’hui, dans les recommandations de l’HAS pour lutter contre la dénutrition et particulièrement la sarcopénie (perte de masse et force musculaire), on recommande une consommation adaptée de protéines. Ce qui va être important chez un patient cancéreux ou insuffisant respiratoire ou une personne âgée. Les seuls cas où on va restreindre l’apport journalier en protéines c’est chez les insuffisants rénaux.
Chez les enfants
Le régime végétarien
Selon la littérature scientifique, le régime végétarien est approprié à tous les âges de la vie, incluant les périodes de grossesse et d’allaitement, ainsi que le stade du nourrisson et de l’enfance. En effet, les apports des produits laitiers et ovoproduits (produits transformés à base d’œuf) permettent de couvrir les besoins en protéines, vitamines du groupe B et minéraux.
Seulement, il faut respecter certaines conditions. Si l’alimentation est déséquilibrée, l’enfant risque de présenter des carences nutritionnelles ayant un retentissement sur sa courbe staturo-pondérale ainsi que des retards de développement. Avant d’engager un enfant sur un tel régime, il faut donc être renseigné sur les carences potentielles et les aliments à privilégier pour les combler.
Le régime végétalien
Le régime végétalien est déconseillé chez les enfants. Les risques encourus peuvent être graves et peuvent aller jusqu’à la mise en danger de la vie des jeunes enfants, voire causer un décès. Les carences engendrées sont conséquentes et nécessitent la prise systématique de compléments alimentaires. Ce genre de régime n’a pas lieu d’être pour un enfant en pleine croissance. Contrairement à l’adulte, l’enfant court et se dépense toute la journée, lui n’est pas sédentaire.
Retrouvez notre article sur les recommandations alimentaires chez le jeune enfant.
Les carences à surveiller
La vitamine B12
Essentielle au renouvellement cellulaire et à la fabrication de globules rouges, la vitamine B12 se trouve majoritairement dans des produits d’origine animale : viandes, poissons, œufs, produits laitiers. La vitamine B12 présente dans les algues, champigons ou tempeh est inactive.
Un supplément en vitamine B12 doit être systématique chez toute personne végétalienne.
La vitamine D
Intervient dans les fonctions immunitaires, l’activité musculaire et l’absorption du calcium dans le corps. Les poissons gras (saumon, hareng, sardine), le foie de morue et les produits enrichis (produits laitiers, boissons végétales) constituent les principales sources de vitamine D.
Une supplémentation en vitamine D est systématique, comme pour l’enfant qui est supplémenté 3 fois par an avec une ampoule. Chaque enfant doit être supplémenté en vitamine D 2 à 3 fois par an en période hivernale de non exposition au soleil car l’alimentation n’est pas suffisante mais que chez l’enfant végétalien les doses sont à majorer.
Le zinc
Oligo-élément à rôle multiple, intervenant dans de nombreuses réactions enzymatiques et dans le métabolisme du corps. On le retrouve dans les fruits de mers, les viandes, les fromages ainsi que dans les légumes secs et les aliments céréaliers non raffinés.
Les légumineuses, noix, graines, arachides, flocons d’avoine, le pain complet, le soja et le tofu peuvent venir combler les carences.
Bon à savoir : les aliments riches en protéines sont souvent source de zinc (abats, viande rouge, oeuf, fromage) et la biodisponibilité du zinc est mauvaise dans les végétaux à cause de leur haute teneur en phytate.
Les oméga-3
Indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, les oméga-3 agissent sur de nombreux organes tels que le cerveau, les membranes cellulaires, la vision, la peau et les cheveux. Les poissons gras sont la source principale d’EPA et de DHA (oméga-3 marin) et on retrouve l’ALA (oméga-3 végétal) dans certaines graines et feuilles de végétaux.
Pour pallier une carence en oméga-3 : les huiles (noix, colza, lin, soja), le soja, le tofu, les graines (de citrouille, de lin, de chia, de cameline), les noix, les germes de blé.
Bon à savoir : de manière générale dans la population, la consommation d’oméga-3 est bien loin des apports conseillés tandis que le rapport oméga-6/oméga-3 est trop élevé.
Le calcium
Intervient dans de nombreuses fonctions primordiales pour le fonctionnement du corps (contraction musculaire, conduction nerveuse, libération d’hormone, minéralisation des tissus, croissance osseuse). Il est majoritairement retrouvé dans les produits laitiers et les sardines en boîtes.
Pour pallier la carence en calcium : les boisson végétales enrichies, le brocoli, le chou vert, le soja, les haricots blancs, les amandes, les figues, le quinoa, le sarrasin, les fruits secs et les oléagineux, les épinards. Attention, les quantités à consommer pour couvrir les besoins sont énormes et la biodisponibilité est mauvaise hors source animale.
Bon à savoir : sans vitamine D, il n’y a pas de fixation du calcium. Les phytates et oxalates contenus dans les végétaux reduisent la biodisponibilté du Ca. La carence augmente le risque fracturaire et une altération de l’os dans sa longueur et épaisseur.
Le fer
Constituant de l’hémoglobine contenue dans les globules rouges, il approvisionne les organes en oxygène. Sont riches en fer les poissons, les fruits secs, la viande, les volailles et le gibier, certaines algues.
Pour pallier une carence en fer : les algues (spiruline, dulse et wakamé), les fruits secs, le cacao, les lentilles, les haricots blancs, les graines de chia. Attention ! les algues et notamment la spiruline sont contaminées par le plomb, le mercure, l’arsenic et des bactéries.
Bon à savoir : le fer provenant des sources végétales (appelé fer non-héminique) est moins bien absorbé que le fer provenant de sources animales (appelé fer héminique). Afin de favoriser son absorption, il est recommandé d’ajouter une source de vitamine C au repas, comme les tomates, les brocolis, les fraises ou les oranges. Les végétaux par leur teneur en phytates, polyphénols inhibent l’absorption du fer et on sait que l’enfant vers 2 ans peut être carencé :
pouvant être la cause de troubles de l’humeur, comportement, difficultés de concentration,
plus sensible aux infections et à la fatigue et exposé à la chute de cheveux et essoufflement.
L’essentiel à retenir
L’alimentation végétarienne convient aux enfants à condition que l’alimentation reste équilibrée et variée.
L’alimentation végétalienne est dangereuse pour les enfants.
Les carences à surveiller particulièrement sont la vitamine B12, l’iode et la vitamine D, qui doivent être absolument supplémenter.
Les protéines végétales déficitaires en acide aminé Lysine et cysteine (L’AA est essentiel chez le nourrisson immature).
Pour optimiser la qualité des apports en protéines d’origine végétale, il faut consommer de grandes quantités, faire des combinaisons de différentes sources de protéines végétales (c’est à dire avoir des bonnes connaissances de la composition des végétaux) pour palier aux AA déficitaires.
Une alimentation végétalienne est un bénéfice pour l’environnement, réduit le cholestérol (problème d’adulte et pas d’enfant). Les végétaliens doivent consommer de nombreux compléments alimentaires pour palier au déficit (supplémentation en vit B12, D, W3, fer, iode, Ca, Zinc, Mg, selenium). Donc, est-ce bien naturel ?
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